Le motard, un loup solitaire ?

Loup ou louve, seul, en duo ou en meute, le motard n'est pas un usager de la route comme les autres. C'est ainsi qu'il le ressent et  c'est ainsi que le voient les autres. Encore bien trop souvent considéré comme un sauvage, un potentiel délinquant en puissance, un fou de vitesse dont les seuls pôles d'intérêt seraient de boire, de se battre et de terroriser les enfants et les petits vieux...

Même si, comme dans toute famille, il existe chez les motards des rejetons indignes, l'immense majorité des autres sont des gens "normaux". Animés pour la plupart par une passion dévorante pour leur machine, ils n'en sont pas moins père, mère, salariés, citoyens à part entière et acteurs de la société. Ils vivent, travaillent, mangent, dorment comme les autres. Ils payent des impôts, écoutent de la musique (pas forcément du Trash), vont au cinéma, ont des enfants, des joies et des peines, bref rien de plus ou de moins que le reste du monde... A part leur moto.

Le (la) motard (motarde) vit cependant la route différemment pour plusieurs raisons. Du fait de n'avoir que deux roues, il est beaucoup plus exposé aux risques que les autres usagers. En cas de choc, même minime, c'est la chute assurée dans 99% des cas. Sa seule protection sera son équipement et la chance de ne pas croiser d'obstacle durant la glissade. Et il n'est nul besoin de vitesse pour se faire mal. Je pourrais vous décrire avec moults détails l'histoire de mon défunt ami Michel, victime d'une flaque de gazole, dont la malchance fut de finir sa glissade sur la bordure d'un trottoir à moins de 30 km/h. Coup du lapin, ses dernières paroles furent : "Elle a rien ma bécane ? J'ai froid..."

Mais à quoi bon ?

Le motard est donc seul face aux éléments. Pluie, vent, brouillard sont autant d'ennemis qu'il ne doit jamais sous-estimer sous peine d'en payer le prix fort. La route elle-même est un vivier de dangers. Nids de poule, marquages au sol, boue, huile, essence, gravillons, bornes, rails de sécurité, poteaux, autant de pièges qui peuvent s'avérer mortels s'il se laisse surprendre.

A l'instar du loup donc, le motard, s'il doit composer avec les éléments et son environnement (ce qui somme toute n'est que dans l'ordre naturel des choses), doit aussi faire face à son pire ennemi : l'homme (au sens large du terme, car la parité en matière d'irrespect de la vie des motards n'est plus à démontrer). En effet, il n'est de pire danger pour le cyclomotoriste que ce bipède équipé d'une arme à quatre roues (voire plus), plus communément appelé "caisseux".

Si ce prédateur a tendance à se faire tout petit face aux gros-vilains-méchants-pas beaux camions qui occupent sans vergogne Sa route, il n'a en revanche aucun scrupule, caché sous sa carapace de tôle, à jouer avec la vie des pilotes de deux roues. Aidé en cela par les progrès de la technologie qui, outre l'ABS, l'airbag, l'ESP, l'aide au stationnement et autres radars de recul, lui apportent les indispensables gadgets nécessaires à la conduite de leur véhicule que sont le téléphone portable, le miroir de courtoisie pour se (re)maquiller et le GPS...

Merci à Sato

Que ce soit par inattention, par vétusté (passé un certain âge le caisseux n'a plus de réflexe, devient sourd et aveugle, mais conserve son permis, les autorités ne jugeant pas nécessaire d'imposer une visite médicale d'aptitude à un si joli corps électoral), par jalousie (j'ai pas investi 30 000 € dans ma caisse pour me faire pourrir !), par mépris, par bêtise, par frustration (pourquoi suis-je bloqué dans les embouteillages et pas lui ?) ou tout simplement par ignorance (qu'apprend-on au permis B sur la sécurité des deux roues ?), le conducteur d'un "quatre roues" est donc potentiellement un ennemi mortel dont il faut se méfier comme de la peste.

Comme si tout cela ne suffisait pas, le motard doit aussi faire face à toutes sortes d'incivilités, au déchaînement de certains membres des forces de l'ordre et , de façon récurrente, à la stigmatisation par des médias avides de boucs émissaires...

Cependant il ne sert à rien de pleurnicher sur notre triste sort. Car malgré tous ces périls, nous "kiffons grave" notre passion et notre sort n'a rien de triste. La liberté, le vent de la course, ce contact avec la nature qui nous environne, ce corps à corps sensuel avec la machine, ces regards chargés d'admiration dans les yeux de ceux qui nous respectent et nous envient...

Anticiper et ne pas faire confiance aux autres est un gage de longévité. Etre responsable et prudent sur la route, expliquer sa passion aux autres peut leur permettre de mieux nous appréhender. Et arrivera ce qui doit arriver, bonheur ou malheur, nous ne sommes jamais complètement maître de tout dans la vie...

Oui, le motard est parfois bien seul... Mais il est libre... Tel un loup solitaire.

Comments

[Fred, le Jongleur de Mots]

Jihème,
Le motard est un fou dangereux qui attaque les pauvres automobilistes sans défense et qui détruit le mobilier urbain en se plantant dedans. Faut l'interdire sur nos routes et ne laissez que les
tueurs en boite de conserve à 4 roues...
Yep, je sors, j'ai compris...
@dieu ou @ l'@nkou

[Jihème]

Sors pas, je viens juste de retrouver ma batte de base-ball !